Interview avec Issam Sarhane, agent de joueurs

Bonjour Issam, peux-tu nous expliquer en quoi consiste le métier d’agent de joueurs ?

Le métier d’agent de joueurs consiste surtout à conseiller le joueur et gérer toute sa vie extra sportive, des petits aux grands détails, de suivre l’évolution du joueur pour l’aider à atteindre ses objectifs. L’agent est le médiateur et aussi l’intermédiaire entre le joueur et le club. La confiance avec le joueur est primordiale dans cette fonction.

Comment es-tu devenu agent ?

Durant toute mon enfance et adolescence j’ai joué au foot à un bon niveau, j’ai préféré suivre les études ou plutôt mes parents m’ont forcé(rires). À la fin de ma licence STAPS, j’ai passé mon brevet d’État pour être entraîneur de jeunes. Pendant plus de 4 ans, j’ai entraîné plusieurs catégories surtout les jeunes et j’avais cette relation de grand frère avec eux, je devais être à leur écoute, les aider à progresser dans le foot et dans la vie de tous les jours et c’est ce qui m’a poussé à être agent, cette relation de grand frère et de confiance avec les joueurs.

Depuis une dizaine d’années maintenant, le métier d’agent a évolué. Que penses-tu de cette « modernisation » et de la multiplication des professionnels ?

Le métier d’agent n’est pas facile, seuls 350 licenciés à la fédération française de football, c’est un métier qui a évolué mais à mon goût il reste énormément de travail à faire. Les fédérations doivent proposer plusieurs formations et aider les gens qui veulent se lancer à atteindre leurs objectifs. Le métier d’agent est un métier intéressant et attractif si on est investi et qu’on aime ce métier, mais il peut aussi être un enfer s’il n’y a pas de joueurs ou qu’on ne signe pas de contrat, car il n’y a pas de salaire fixe donc si tu es motivé, il n’y a pas moyen que ça échoue.

Quelle est la qualité première d’un agent ?

La qualité principale d’un agent est d’être sincère et de vouloir ce qu’il y a de mieux pour son joueur. Être à l’écoute des attentes des joueurs et surtout être réaliste et ne jamais mentir à son joueur. Malheureusement aujourd’hui il y a plusieurs agents qui vendent des rêves aux jeunes joueurs naïfs et je ne trouve pas ça cool. Le métier d’agent ne consiste pas seulement de toucher des commissions, il consiste à faire progresser son joueur et de le voir gravir échelon par échelon sans lui mentir, et c’est à la fin de ces étapes qu’on ressent de la fierté car on se dit que c’est quand même grâce à nous qu’il est arrivé là et croyez-moi quand on voit son joueur faire des grands matchs ou de participer à de grandes compétitions, on est fier.

Comment pratiques-tu ton métier ? Es-tu proche de tes joueurs ?

Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir des joueurs partout dans le monde, alors je voyage beaucoup et je vis de ma profession. Je pratique mon métier comme un boulanger qui se lève chaque matin faire son pain, je suis à l’écoute de mes joueurs et notre travail en dehors des périodes des transferts est surtout que le joueur soit heureux et à l’aise dans sa vie de tout les jours, on doit s’occuper d’eux et tout faire pour qu’ils soient à l’aise et jouent un beau football. Je suis très proche de mes joueurs, je les considère comme des amis et ça m’aide pour leur parler de tout, de leur dire quand ils ont été bons et de leur dire qu’il était mauvais. Je partage de nombreux moments avec des joueurs. C’est extrêmement important.

Que penses-tu de l’utilisation et de l’influence des réseaux sociaux aujourd’hui sur les joueurs ?

Les réseaux sociaux pour moi c’est le jour et la nuit, les réseaux peuvent nous monter vers le haut comme ils peuvent nous descendre au fond du trou, je pense qu’il faut les consommer avec modération. Oui il faut être présent pour ses fans et que les fans soient mis au courant de la vie du joueur mais sans plus. Moi par exemple, j’interdis à mes joueurs d’aller sur les réseaux avant les matchs et après les matchs où ils ont été mauvais car les gens sont méchants et sans pitié. Je pense qu’il ne faut pas trop s’exposer sur les réseaux.

Les clubs doivent-ils accompagner les jeunes sur l’aspect mental et la communication ?

Oui, il doit y avoir un accompagnement du club envers les jeunes sur l’aspect mental et surtout sur la communication car arrivé à 16-17 ans, ils veulent tout d’un coup, un contrat pro, une belle voiture, de la gloire surtout et souvent on leur vend du rêve et il arrête leurs études et comme vous le savez aujourd’hui, pour être un joueur professionnel, il faut avoir de bonnes notes et un bon comportement à l’école. Je pense qu’il faudrait qu’on arrête de se focaliser que sur le foot ou la technique du joueur, le mental et le comportement sont les réels aspects pour être un bon joueur et y arriver (prenez Ben Arfa comme exemple, avec un meilleur mental et un bon comportement il serait aujourd’hui une star du foot mondial).

Aujourd’hui les joueurs sont aussi jugés très rapidement. Chaque sortie est scrutée, chaque prise de parole est analysée, etc… Qu’en penses-tu ?

Contrairement à ce que tu vas penser, je trouve ça normal que les joueurs soient aussi surveillés et scrutés à leurs moindres faits et gestes . Il y a énormément des jeunes qui les admirent et qui les prennent comme exemples et veulent leur ressembler donc c’est normal qu’ils doivent être irréprochables sur le terrain et surtout en dehors du terrain. Après, encore une fois ce que je dis à mes joueurs, les faux journalistes qui passent leur temps à faire passer les joueurs comme des mauvais garçons, il ne faut pas les écouter, car le jour où tu feras un bon match ils seront les premiers à te pousser vers le toit du monde, c’est la triste réalité du foot aujourd’hui, tu peux faire 10 bons matchs et te planter un match, on retiendra le match que tu as raté.

Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui ont le rêve de faire ce métier ?

Le conseil que je donnerais aux jeunes qui veulent se lancer dans le métier c’est de faire des études, de passer énormément de formations, et surtout d’être investi à 100% sinon ça vaut pas la peine . Il faut aimer faire ce métier et il faut savoir être patient. On ne signe pas un joueur en deux mois, il faut le suivre, patienter et savoir traverser des moments compliqués avec lui et c’est un travail qui demande beaucoup de patience. Vous aurez des échecs et beaucoup même, mais quand ça réussit, il n’y a rien de mieux, croyez- moi.

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